dimanche 23 février 2014

Hiver 14 : être, rien qu'une fois, à la place du plongeur...

A l'heure de clôturer les Jeux Olympiques, vous pouvez penser qu'en parlant de plongeur, je fais référence à cet athlète au corps hellénique inscrit dans les canons de la beauté moderne. Dans le métier de la restauration, la réalité est plus prosaïque : rien n'est plus caché, à l'écart et finalement oublié que le plongeur. Amené à réaliser une étude sur la plonge des collèges d'un Département, j'ai pris conscience que la plonge est une espèce de trou noir dans lequel personne ne veut être absorbé.

La plonge est le trou noir de la restauration !

Mitraillette, exiguïté, absence d'ergonomie sont caractéristiques
 de ces poste de travail
Les locaux, tout d'abord : ils sont souvent à l'écart des cuisines, et souvent cachés des convives. Lesquels ne voient qu'un trou minuscule par lequel sont engloutis leurs plateaux.
Les équipes ensuite, qui se distinguent entre équipes de plonge et équipe de service, ces dernières refusant, par une sorte de "distinction" très bourdieusienne, qu'on les confonde aux premières.
Le système de desserte enfin :   souvent la séparation entre plonge et salle ressemble à ces moucharabiehs qui laissent passer la lumière d'un côté sans permettre à ceux qui sont à l'intérieur d'être vus. On appelle d'ailleurs ces dépose-plateaux des... mitraillettes, comme si seul le langage militaire du conflit et de la séparation trouvait grâce aux yeux des concepteurs.

Rien ne semble jamais avoir été pensé pour les plongeurs

Pire, au-delà des locaux, des équipes et du système de desserte, la conception même des lave-vaisselle est souvent scandaleuse : ces outils, bien souvent vendus 40 à 50 K€, ne font l'objet d'aucune étude ergonomique, alors qu'il serait parfois si simple de soulager le travail des plongeurs. Le saviez vous ? un plateau complet pèse environ 2 kg, ce qui signifie qu'un restaurant de 500 couverts donne lieu à un port de charge d'une tonne par jour ! Comment accepter dans ce contexte, des positionnements obligeant les opérateurs à des mouvements de torsion, de levée de bras au dessus des épaules, etc... ? Je parle de matériels neufs, pas de machines usées, qui allient la nuisance sonore au dégagement intempestif d'humidité, voire sont dangereux pour les personnes (accidents du travail voire risque d'électrocution). Je n'évoque pas non plus les locaux, bien souvent aveugles, mal éclairés, humides...

Regarder et... changer de regard !

Et pourtant une bonne partie de ces problèmes pourraient être résolus si l'on se mettait à la place du plongeur : rien qu'une fois porter son regard sur ses conditions de travail, prendre le temps de réaliser ses taches durant les 2 heures de service.

Alors quelques idées simples à mettre en place changeront la vie de ceux sans qui il n'y aurait pas même la possibilité de manger :
1. s'assurer que le local est aéré, et bien éclairé : une ventilation, des néons "lumière du jour", ne coûtent rien.
2. tenir compte du poids unitaire de la vaisselle quand on l'achète : il n'est pas normal qu'un plateau pèse 750 grammes alors que les nouveaux matériaux polymères permettent de faire des contenants solides et légers
3. mettre à disposition des matériels de stockage de vaisselle ergonomiques, comme les chariots de plateaux à fond remontant, les chauffe assiettes, des racks de rangement à hauteur d'homme, etc...
4. faire tourner les équipes, pour éviter la répétition des gestes et l'arrivée à termes des troubles musculo-squelettiques.
5. faire faire le tri des plateaux par les convives : c'est écologique, éducatif et tellement plus facile pour le plongeur

Au delà de ces solutions techniques...

J'invite à repenser la place du plongeur dans le collectif de l'établissement,  afin qu'il côtoie toutes les parties prenantes. Je préconise qu'il soit en face des convives qui trient leur plateau. Il changerait ainsi de statut. Vis-à-vis des élèves d'abord, puisqu'il serait chargé de s'assurer qu'ils sont satisfaits, et de leur enseigner les bons gestes écologiques de tri. Vis-à-vis du reste de l'équipe ensuite, à qui il remonterait les informations de satisfaction/insatisfaction pour  chacun des plats servis. Une ne serait plus le dernier maillon de la chaîne, mais le premier client de la prestation. Vis-à-vis de l'équipe éducative, enfin, à qui il pourrait signaler des convives se nourrissant mal ou  pas.

Alors le regard change. Le voici désormais dégagé de sa mitraillette qui l'emprisonnait, le voilà chargé d'une mission de la plus haute importance dans la chaîne du service, enfin il sort de l'ombre.

"C’est précisément dans ce rappel de ma responsabilité par le visage,
qui m’assigne, qui me demande, qui me réclame,
c’est dans cette mise en question qu’autrui m’est prochain" Emmanuel Levinas

samedi 15 février 2014

Changer de prestataire lorsqu'on n'en est pas satisfait : pourquoi cela peut être une fausse bonne idée ?

Beaucoup pensent que lorsqu'on est pas satisfait de son prestataire de restauration, il faut le sortir et en prendre un autre. Voici les raisons pour lesquelles cette idée, a priori pleine de bon sens, peut s'avérer mauvaise :
1. Si vous n'avez pas diagnostiqué la cause de vos problèmes, le remède peut être pire que le mal : le successeur ne fera pas toujours mieux. Pire, ne connaissant pas le restaurant en arrivant, il n'aura pas toutes les données au départ et peut s'embourber dans une situation initiale complexe qu'avec vous, il aura mal évalué. C'est notamment le cas lorsque votre difficulté relève d'un problème social.
2. Changer pour changer risque de ne servir à rien, si vous ne définissez pas très précisément vos besoins, votre cahier des charges et vos indicateurs de suivi. C'est en faisant ce travail préalable que vous assurerez un vrai changement. Sinon, le successeur peut se glisser confortablement dans les pantoufles du prédécesseur, lesquelles ressemblent à s'y méprendre à l'ancienne équipe, qu'il reprend bien souvent dans l'intégralité de son organisation.
3. Si vous cherchez un prix, vous risquez de l'obtenir (mise en concurrence oblige !) mais vous aurez aussi la qualité qui va avec le prix !

Mais alors, que faire en cas d'insatisfaction ? 5 conseils parmi tant d'autres :

1. Avant de changer, écrivez avec le prestataire actuel un Plan d'Actions Correctives. S'il ne le tient pas, il devra vous rendre des comptes, et c'est un moyen de mieux comprendre les raisons des difficultés rencontrées.
2. Formalisez vos échanges, en écrivant directement à l'échelon supérieur, voire à la Direction Générale !
3. Calculez le coût de la non-qualité, et faites le supporter par votre prestataire. C'est un excellent moyen pour qu'il se rende compte de votre détermination. De plus, les demandes d'avoirs ont un poids car elles sont toujours traitées par des circuits différents de vos interlocuteurs traditionnels. Enfin, c'est une preuve d'insatisfaction, si la relation venait à rompre dans de mauvaises conditions.
4. N'ayez pas peur de casser votre contrat à titre conservatoire : vous ne risquez rien et souvent, cela fait réagir... J'ai même connu des cas où le prestataire vous remerciait de l'avoir fait.
5. Enfin, n'ayez pas de double discours, l'un avec le prestataire, l'autre avec l'équipe ou le Chef ou encore en vous laissant tenter par des invitations conviviales, puis en ayant un discours sévère le lendemain. Votre crédibilité en pâtirait.

Si malgré tout cela, vous restez dans une situation insatisfaisante, il ne vous reste plus qu'à vous poser la question d'une consultation. Mais là aussi, cela nécessite du temps, de l'investissement, des compétences, pour aboutir à un résultat satisfaisant, à la fois sur le plan qualitatif comme économique.

samedi 1 février 2014

Le barbecue, c'est comme les cigarettes et l'alcool : à consommer avec modération !

Depuis longtemps, on sait que la viande grillée est mauvaise pour la santé. La faute aux fameux Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques, molécules produites lors d'une cuisson à la flamme, qui sont hautement cancérogènes.



Dans un article publié sur Salte.fr, Et si la viande grillé devenait une cause de cancer aussi répandue que le tabac ? Brian Palmer va plus loin et préconise d'interdire purement et simplement les barbecues ! Ils seraient une cause de cancer aussi répandue que la cigarette. Les arguments sont là, étayés, solides, convaincants à première lecture. On regrettera néanmoins l'absence de chiffres que les études épidémiologiques doivent pouvoir fournir pour qualifier l'ampleur de la question.

Malgré tout, j'aime ces articles américains, iconoclastes, puritains, traduits dans la langue de Molière de sorte qu'on devine, sans savoir vraiment pourquoi, qu'un journaliste français n'aurait pas pu les écrire...